Piège invisible. ( Aiguille du Temps )

Nuage de Zinnia fronça les sourcils, puis un long cri aigu s'échappa de sa gorge. Elle était à bout de nerf, énervée et venait de péter les plombs, comme une pure enfance capricieuse qu'elle était. Zinnia avait eut l'excellente idée d'aller toute seule se promener dans les Marécages, suite à la provocation d'un de ses camarades, qui prétendait qu'elle était tellement douillette qu'elle n'oserait jamais aller dans un endroit aussi sale et nauséabond. Piquée au vif, l'apprentie était partie de ce pas vers les territoires que l'autre l'avait défiée de traverser. Elle regretta ce défi aussitôt qu'elle fut non loin de l'endroit. Mais l'autre l'avait suivie et lui lançait un regard de défi. Il l'observa s'éloigner puis revint au campement. Elle devait y être de retour avant la nuit mais pas avant le crépuscule. Ces conditions lui offraient un laps de temps plutôt court, mais elle s'était promis de ne pas laisser ce sale gosse la traiter de douillette. Mais elle était frustrée par le fait que sa belle fourrure blanche, si facilement tâchée, était totalement recouverte de boue nauséabonde désormais. Et elle ne pouvait pas faire deux pas sans s'enfoncer jusqu'au ventre dans la vase-boue qui lui servait de chemin plus ou moins stable. Ses yeux verts étincelaient de rage, et elle continuait encore de pester lorsqu'elle avisa un point d'eau plus clair que les autres. Toute heureuse de sa découverte qui lui permettrait peut-être de se laver, elle arriva en trottinant vers le point d'eau. Il y avait peu de vase et l'eau y était pratiquement claire. Elle s'avançait en courrant, le sourire aux lèvres, soulagée. Mais elle n'avait pas conscience que l'endroit était dangereux. La fermentation de feuilles au fond de ce point d'eau avait produit du méthane, un gaz dangereux pour l'organisme si on en respirait trop longtemps, qui se libérerait lorsqu'elle remuerait l'eau en y pataugeant, tout à sa joie de pouvoir se toiletter en bonne et due forme.

En effet, Nuage de Zinnia remua le peu de vase qui régnait dans l'eau, et progressivement, le gaz inflammable s'échappa du fond de l'eau, pour atteindre le nez de l'apprentie. Le gaz était inodore et incolore, et donc particulièrement traître. Zinnia se sentit lentement plonger dans l'inconscience. Elle mit d'abord ses légers vertiges sur le compte de la fatigue, mais le gaz mortel assaillait toujours son nez. Même si elle avait pied, elle commença à paniquer. Ce n'était pas normal. Elle s'écarta de l'endroit où elle avait remué la vase, mais le gaz s'était déjà infiltré dans son corps. Elle s'évanouit, heureusement elle n'avait pas le museau dans l'eau, mais le gaz menaçait de se répandre et d'achever son oeuvre macabre.